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Rybí říkačky (Rimes de/des poissons), texte et illustrations deJosef Jíra, éditions Olympia, 1969.

Je connaissais déjà cet artiste peintre, mais j'ai été surprise de découvrir un ouvrage pour enfants illustré par lui. Après des recherches, j'ai constaté qu'il avait en effet illustré deux livres pour enfants chez le même éditeur, publiés la même année ! Ce livre au format cartonné en forme de leporello est destiné aux tout-petits. Son travail aux pastels dégage une fraîcheur étonnante, avec une spontanéité et une gaieté qui sont probablement dues à l'utilisation de couleurs vives. Ce livre est un documentaire en poèmes sur les poissons. Les poissons sont dotés de personnalité, certainement grâce à l'observation minutieuse de l'auteur. Leurs différences sont mises en avant en fonction de leur habitat : lacs, rivières, étangs et cours d'eau d'Europe centrale ! Cela offre un beau panorama des poissons de rivières et de lacs que l'on peut trouver en Tchéquie. Il est à noter que la pêche et la cueillette de champignons sont des activités très appréciées par la plupart des Tchèques.

La typographie manuscrite est fréquemment utilisée dans les livres pour enfants tchèques depuis le début du 2àe siècle et continue de l'être aujourd'hui. Dans cet ouvrage, le travail de typographie manuscrite est particulièrement intéressant. Dans l'encadré, le texte est écrit en rimes et ouvre la porte à ce documentaire poétique : « Eau, eau, eau et vies extérieures / Petit poisson - Tout le monde est différent, ils ont une apparence différente – il y a une carpe - le deuxième est paresseux et le troisième, je ne dirai pas ». Par un trait semi-épais, l'auteur met en évidence l'originalité de ce documentaire, laissant place à l'humour et à l'anthropomorphisme des poissons. Les caractères humains ainsi que leurs défauts ou particularités, comme la paresse, sont présentés à travers des rimes amusantes. Fait frappant, la construction avec le texte encadré et le titre en gros caractères rappelle la tradition des Loubok1 (loubki au pluriel), qui est une imagerie populaire russe également répandue en Europe centrale. C'est un texte minimal parfois encadré, laissant place à l'image et à son interprétation. On retrouve certains aspects du Loubok également dans le contenu.

Le dessin suit la lignée de certains primitivistes tchèques, ce qui le rend à la fois intéressant et joyeux !

Ce livre est publié par les éditions Olympia (1954), et cela n'est pas un hasard. Cette maison d'édition tchèque, principalement orientée vers la littérature liée au sport et aux loisirs, s'est tournée vers les livres pour enfants depuis le début des années 60. En cherchant de nouveaux projets, elle a trouvé en Josef Jíra le parfait combo, car il avait été un sportif de haut niveau et était déjà reconnu en tant qu'artiste. Le champ du livre lui a été laissé. Je n'ai pas trouvé de trace de réédition... Il se peut que cet ouvrage n'ait pas rencontré le succès commercial escompté.

Les éditions Olympia (1954) ont été créées en 1954 en tant qu'entreprise de l'Association tchécoslovaque d'éducation physique, publiant des livres et périodiques centrés sur le sport. En 1991, la maison d'édition est transformée en société par actions. À la suite de la dissolution de la Tchécoslovaquie en 1993, elle est devenue la propriété de l'Association tchèque d'éducation physique. Cette maison d'édition est toujours en activité.


En bref sur l’auteur :

Josef Jíra (1929-1999) est peintre, graphiste et illustrateur.

En 1943, il commence des études à l'école professionnelle de bijouterie de Turnov. En 1946, il rentre à l'Académie des beaux-arts de Prague. En 1949, il est accepté à l'école de Miloslav Holé. et quitte volontairement alors l'académie.

Dès son plus jeune âge, il peint beaucoup, mais en même temps il se consacre au sport (en 1946, il devient membre de l'équipe nationale tchécoslovaque de ski). Sa carrière sportive se termine par deux blessures en 1950 et 1954. Cependant, il skie passionnément toute sa vie, deux autres blessures (1973, 1989) entraînent toujours une mobilité réduite, il ne peut donc peindre qu'en atelier, principalement des portraits. Après 1954, il se consacre pleinement aux arts visuels.

Au début, il vit du graphisme promotionnel, principalement pour subvenir aux besoins de sa famille. Il accepte des commandes d'illustrations de livres. Tout en continuant à peindre. Son premier succès survient en 1955, lorsqu'il reçoit une bourse d'un an. Jíra fut l'un des membres fondateurs du groupe M 57 et participe à toutes ses expositions (1959, 1960, 1962, 1969 et 1970). Le groupe est fondé en 1954, mais en raison de désaccords avec l'Association des artistes tchèques, sa première exposition n'a été autorisée qu'en 1959. Josef Jíra voyage davantage à la fin des années 1950 et surtout dans les années 1960. Il participe à l'exposition universelle Expo 58 à Bruxelles. Au cours des années suivantes, il visite Léningrad, Paris, l'Égypte, l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la Suède, Cuba, l'Arménie, la Géorgie et plusieurs autres pays. Tous ces voyages ont eu une influence significative sur son œuvre. Mais ces voyages, surtout dans les premières années lui permettent de connaître l'art contemporain mondial ; il s'intéresse particulièrement aux œuvres des expressionnistes. Il laisse une œuvre picturale immense.




1 - Le Loubok (en russe : лубок), ou loubki au pluriel, est une estampe populaire russe gravée généralement sur bois. Les loubki se présentent sous la forme de graphismes simples et narratifs inspirés de la littérature, d'histoires religieuses et populaires. On peut les comparer aux gravures d'Épinal de l'imagerie Pellerin, mais originellement, ils s'inscrivent dans la lignée bien plus vaste et générique de l'imagerie populaire qui se développe en Europe à partir de la fin du XVe siècle, qui voit fleurir de nombreux opuscules, des livrets, qui ne sont ni des livres, ni des journaux.










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